J’aime le carton.
J'ai toujours aimé les papiers-chiffon,
calque et kraft.
J'ai découvert le carton ondulé lors d'un concours de
design et de peinture. J'ai été agréablement surprise
par les qualités de ce matériaux habituellement utilisé
pour l'emballage, pour une utilisation éphémère puis jeté.
Ce matériau pauvre s'est révélé dans mes mains devenir
une matière riche, subtile, malléable. J'avais trouvé
la matière de mon support de création.
Je l'ai utilisé en surface pour peindre puis je suis
entrée dans sa profondeur, sculptant ses cannelures,
le pliant, le découpant afin que le relief joue avec la
lumière.
Pour la conservation de l'œuvre dans le temps, j'ai
contrecollé le carton sur bois pour assurer la rigidité
et l'ai résiné pour le protéger de l'air et de l'humidité.
J'ai cherché un verni ultra mat qui puisse conserver
les qualités d'apparence du carton. Grâce à un spécialiste
des vernis j'ai pu trouver le produit idéal qui assure une
protection totale (ignifuge et hydrofuge) et, en conséquence,
la pérennité des oeuvres.
J'ai appris par la suite que nombre de peintres avaient travaillé sur carton
comme Matisse, Braque, Picasso, De Staël, etc.
Je choisis aujourd'hui des cartons de haute qualité, à Ph neutre, afin que les
couleurs et la matière ne s'altèrent pas dans le temps.
En général, les artistes reprennent une technique existante et l’adaptent à leur manière. Rares sont ceux qui créent leur propre technique, ouvrant de la sorte une nouvelle voie. Françoise Amadieu est de cette veine et sa production étonne l’oeil. Elle réinvente le bas-relief, propose une peinture-sculpture obtenue par pliage et façonnage du carton, transmutant celui-ci en matière noble et vivante.
R. de Rorsac
En création, lorsqu'on a parlé de matière, de
couleurs, de composition, de sujet, on a tout
dit puisqu'il n'y a pas à dire mais à ressentir.
Reste le support, ce grand oublié. Pourquoi
choisir la toile, le papier, le bois, le verre, le
métal...? Et pourquoi pas le carton?
Le carton, d'abord ça sonne bien, ensuite
il y a sa matière, sa couleur, sa surface
vergée, et puis sa légèreté, sa rigidité et sa
sensualité. Oui, le carton c'est d'abord de la
sensualité. La douceur de son toucher, la
vibration de sa découpe, la souplesse de
son façonnage... ce qui n’empêche pas
solidité et résistance du tableau peint, de
l’objet ou du meuble construit.
Lorsque le carton se prête à l'artiste et se façonne à sa main, sa cannelure a fière allure et il se sent pousser des ailes.
Françoise Amadieu au hasard de son chemin artistique a découvert ce matériau qui lui était en totale correspondance. Il est devenu son support de prédilection, et ses créations ont, dès lors, pris leur envol.
Le carton, matériau voué à l’emballage et à l’éphémère devient sous ses doigts le support étonnant d’œuvres d’art inscrites dans le temps.
Gilles Marie BAUR
écrivain